Montesquieu : définir la liberté politique

"Le seul avantage qu'un peuple libre ait sur un autre, c'est la sécurité où chacun est sûr que le caprice d'un seul ne lui ôtera point ses biens ou sa vie."

     Membre de l'académie de Bordeaux, il put satisfaire son goût de l'histoire et son intérêt pour l'expérimentation. Son roman scandaleux, Les Lettres persanes, à travers le personnage du Persan Usbek, devenu philosophe par son séjour parisien, montre qu'on ne peut se prétendre, sans risque de tragédie, un esprit libre en Europe et maintenir en esclavage les femmes de son sérail.
     Les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), à travers l'histoire de Rome, définissent la liberté comme une division continuelle qui oppose le peuple aux patriciens.  Une telle définition fait entrer la liberté dans une dynamique historique singulière qui n'a plus rien à voir avec cet équilibre que Voltaire admirait tant dans le système anglais, où le roi est contrôlé par les nobles, les nobles par le roi et le peuple, et le peuple par le roi et els nobles.
     La liberté est également présente dans L'Esprit des Lois. Le degré de liberté n'est pourtant pas ce qui permet de différencier les trois gouvernements que Montesquieu définit : le despotisme, la monarchie et la république. Toutefois, le despotisme parce qu'il s'appuie sur la crainte est défini comme le mel absolu et l'esclavage est dénoncé par l'absurde. Dans les livres XI et XII, Montesquieu traite de la liberté politique, qu'il définit et dont il montre qu'elle est en Angleterre l'objet directe de la Constitution politique.

Extrait d'un article écrit par JM Goulemot et publié dans
la revue L'Histoire, n°307, mars 2006.
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